Prends

Parfois glisse entre tes doigts une peur que tu ne peux maitriser. Cette sensation de perdre tout sans rien gagner et le sentiment net que les choses s'effacent et ne sont plus ce qu'elles sont. Est-ce l'incident d'avant-hier soir, est-ce la discussion de la veille?
Qu'est-ce qui trouble cette étendue bleue que je contemplais, qu'est-ce brouille mes souvenirs et mes reves, qu'est-ce qui ombrage mon bonheur et comment retenir ma colère pour ne pas le tuer.
Si mes mains s'affalent sur son visage, comment me retenir pour ne pas aller en prison. Et pourquoi ne pas le tuer. Le tuer et s'enfuir. Loin dans la foret. Mais il n'y a plus de foret. Il faut se perdre très loin pour trouver des bois. Les bois des rénégats, des reclus, des incompris, des heureux imbéciles, des différents, des marginaux et de ceux qui l'ont mérité.
La solitude et la colère. L'une consume l'autre et l'autre la nourrit.
Les poings qui se serrent et je sais. Je sais. Ce ne sont pas des mots en l'air, ce n'est pas une manière de s'encourager, ce n'est pas un stratagème pour calmer sa peur. Je sais que si je le revois, si je le reconnais, Dieu ne pourra pas arreter mes poings. Dieu le père et ses 300 anges ne pourra pas retenir mon corps. Je vais le mordre avec mes canines et je vais cracher son sang sur sa figure et Jesus le fils et le St-Esprit mettront la main devant les yeux devant l'horreur que je ferais à sa face. Le souvenir de son visage d'ores et déjà disparaissant. Ma colère a déjà signé ta mort. Trouve toi un trou pour te cacher parce qu'elle va silloner la terre jusqu'à ce qu'elle t'y immole et qu'elle rende la dette qu'elle doit aux asticots ses amis.

Je vais te tuer et te laisser enterré dans le sang qui entoure ton corps et dessine une auréole autour de ta mort accordée. Je te l'accorde cette mort. Tu l'as bien méritée. Ta cervelle éclatée s'en souviendra longtemps. Les asticots raffolent de neurones. Tu vas la voir de tes yeux ta disparition. Tu vas les sentir à mes amis filiformes dévorer ton passé et éclipser ton avenir.
Ton avenir de chien verreux. Meurs dans la terre et regarde d'où tu es la pitié du dieu qui t'as épargné l'horreur de ta survie, qui as daigné t'accorder, dans sa miséricorde sublime le don de la mort. Car la vie ne te vas pas. Ne t'allais pas. Ne t'irais pas et qu'en tout cas sa colère fumante aurait trébuché un jour sur ton corps et, vexée, t'aurais effacé. A quoi bon reporter? Le choix de la mort, le privilège, le sceau se fait dans le moment. Meurs pour toujours chien verreux.