Derrière la fumée de ta clope aujourd'hui
J'ai cru voir dans tes yeux un cri
Jeune homme qui cache sa peine
Approche et enlace moi
Chcuhote à mon oreille
Ce qui donne à tes yeux leur couleur
Couleur néant
Il n'y a rien dans tes yeux Benjamin
Je ne vois rien dans ton regard
Que le vide qui cuisine
Le morne désespoir
Réveille toi Ben
C'est pas le moment
Regarde moi dans les yeux
Enlace moi mon enfant
Tu as une pelle à la main
Et un oeil en moins
Les mines n'ont jamais eu de scrupules
Prend ta plume, lève la bien haut, regarde mes mouvements, imite et annule
Nous y voici
Annule les pleurs de la veille, barre le souci, barre l'oeil qui tombe dans la soute à charbon, barre les flagellations du patron, barre les muscles qui suent, efface Benjamin. Rien à foutre des souvenirs. Oublie. Oublie le tout. Tu n'as rien à apprendre d'une telle vie. tes erreurs ne sont pas des leçons. Rien à foutre de la morale. Tes erreurs sont un poison. Quand tu fais des erreurs, toi, tu n'évolues pas, toi le patron fais siffler sur ton dos la cravache. Toi tu ne travailles pas pour vivre, tu vis pour travailler. Alors crache, crache et oublie.
Et marche vers la vie, l'oeil à la main, la plume dans la peau, l'encre dans les veines. Fais couler ton sang, plonges-y ton stylo et inscrit, rouge sur noir, dans le noir du charbon:
Au diable cet enfer. Ma vie est à refaire.
Crache, oublie et change Benjamin. Dors paladin. L'horizon t'attendra au petit matin.